L'(h)ermite

A propos de l'ermite

Il existe plusieurs cartes postales anciennes (vers 1920) de l’ermite (ou l’Hermite) d’Ecoche. L’une d’elles a récemment été vendue sur e-bay pour 18 euros (le 2 mai 2007). Une autre est reproduite dans un livre – fort intéressant au demeurant - de reproductions de cartes anciennes des villages du Forez (auteur M. Bouillier).

La légende qui l’accompagne n’est que partiellement juste. En effet ce personnage n’est en rien un itinérant qui se serait fixé par hasard « entre deux routes ». C’est bel et bien un enfant du pays. En mai 2007, il reste encore quelques personnes vivantes à avoir un souvenir assez précis de l’Hermite.

Son patronyme est Valentin ; il est né à Ecoche dans une modeste famille de paysans-tisserands. Très croyant, il part jeune en pèlerinage à Rome, à pied. A son retour, il prend sa part d’héritage, dont une petite terre sise à Lachal, entre les actuelles départementales 39 et 87.

Sur cette parcelle triangulaire de quelques mesures (une mesure=1000 m² environ), il construit de ses propres mains sa maison, en récupérant ici ou là des pierres, des planches ; les tuiles que l’on voit abondantes sur une carte postale lui ont été données après la guerre de 14 par un habitant de Lachal qui avait lui-même refait son toit. Le confort est modeste, mais à cette époque personne n’a l’eau courante ni encore moins l’électricité.

De quoi vivait-il ? D’un peu de jardinage ; de la cueillette sur les chemins de fruits tombés –mais après avoir demandé l’autorisation aux propriétaires, vue son honnêteté remarquable ; du ramassage de coquilles (de pins) qu’il portait dans une antique « barotte » à Cours où on les lui achetait –pour quelques sous- car les coquilles facilement inflammables permettaient d’allumer le poêle ; de temps à autre un voiturier du bourg, le père Démure, passait le prendre pour l’embaucher à la journée dans les bois.

Mais ce qui le caractérisait le plus, c’était sa piété quelque peu exubérante. C’est lui qui se faisait appeler l’Hermite. Sur sa masure, on peut voir une grande croix ; à l’intérieur il y avait de nombreuses médailles et images pieuses qu’il donnait aux enfants qui venaient le voir (plusieurs se sont faits photographier [remarque : l’un d’eux fut plus tard conseiller municipal d’Ecoche jusque dans les années 1960]). Enfin, les dimanches, il montait sur le rocher de la croix de la mission, alors sans arbres, et de là criait un véritable prêche pour tout le vallon que parcouraient les nombreux paroissiens se hâtant vers la messe dominicale. Certains, alors enfants, se rappellent encore sa formidable voix de stentor…mais le contenu était paraît-il un peu décousu

Un personnage, certes original, mais pas du tout un vagabond sans patrie !